Aujourd’hui, je vais à la découverte du jeune créateur Kenneth. Kenneth a depuis toujours su qu’il avait un lien particulier avec l’art. En 2011, alors qu’il travaille encore chez Ghana Highways Authorities, il commence petit à petit à donner vie à sa passion en créant des imprimés batik pendant son temps libre. Les créations de Kenneth ont du succès. Il décide alors en 2013 de rejoindre le Batik Center dans la ville de Ho. Les conditions de travail du centre le poussent finalement à se lancer à son propre compte en 2015 et à créer sa marque Dzogbefa. J’ai décidé de partager l’histoire de kenneth avec vous car elle m’a touchée. Je souhaite qu’il serve de modèle à tous ceux qui ont des rêves, surtout aux jeunes pour leur dire que tout est possible dans la vie lorsqu’on se donne les moyens.
Kenneth, peux tu te présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Kenneth DKH: Je m’appelle Kenneth Dzorgbenyui Kodzo Hafianyo, j’ai 32 ans et je suis ghanéen de Keta Dzelukope dans la région de la Volta, mais je vis à Ho, où j’ai grandi qui est également dans la région de la Volta.
Plus jeune, tes camarades de classe te payaient pour faire leurs devoirs d’art. Savais-tu déjà à l’époque que tu étais doué pour l’art?
Kenneth DKH: A cette époque, je ne me disais pas spécialement que c’était un talent, j’aimais juste faire de l’art.
C’est ce qui m’a motivé à créer ma propre paire de chaussures, une qu’ils n’auraient pas pu s’offrir avec leur argent même s’ils le souhaitaient.
Le nom de ta marque est Dzogbefa. Qu’est-ce que ça veut dire?
Kenneth DKH: Dzogbefa est la combinaison de deux noms, Dzorgbenyui et Emefa qui signifient respectivement “Bonne chance” et “Paix”. Ces deux noms sont originaires de ma tribu appelée Ewe. Je crois fermement qu’on a tous besoin de la chance dans ce qu’on fait et nous avons tous besoin de paix dans le monde. Porter un produit Dzogbefa symbolise la chance et la paix pour vous, tout ce dont vous avez besoin, c’est d’y croire.
Il y a une belle histoire de toi au lycée, un jour où tes chaussures ont rendu l’âme, et n’ayant pas d’argent pour t’acheter une nouvelle paire, tu as tout simplement fabriqué une à partir d’anciennes semelles et des lacets. Peux-tu nous en dire plus sur cette histoire?
Kenneth DKH: Aller au lycée n’a pas du tout été facile pour moi. Parfois, il m’arrivait de devoir aller dans les fermes des gens pour pouvoir me procurer à manger. Je ne pouvais pas me payer les nouvelles baskets à la mode que mes camarades portaient au lycée. Le plus souvent, ils portaient le genre de chaussures qu’ils étaient les seuls à posséder au lycée. C’est ce qui m’a motivé à créer ma propre paire de chaussures, une qu’ils n’auraient pas pu s’offrir avec leur argent même s’ils le souhaitaient. Alors, j’ai pris mes vieilles semelles qui étaient encore très solides, les lacets et j’ai fabriqué ma paire de chaussures.
Quelle est ta plus grande fierté depuis que tu as commencé à créer tes designs?
Kenneth DKH: Ma plus grande fierté, c’est que les gens peuvent simplement identifier mes produits sans y voir d’étiquette (dans ma région).
Il y aura toujours des difficultés les unes après les autres et la première chose est toujours de regarder d’abord autour de soi avant de chercher loin car la plupart des solutions sont autour de nous.
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Kenneth DKH: Je suis inspiré par les gens en général, surtout ma famille parce que ça me donne la force de faire les choses par moi-même. C’est pourquoi je dis toujours “Yes We Ken” qui est mon slogan.
Quel est ton processus lorsque tu crées?
Kenneth DKH: Je n’ai pas vraiment de processus lorsque je crée, ni de règles. J’aime juste suivre l’inspiration de la nature et comment elle me dirige. Dans mes projets, je commence toujours par poser le problème, puis je trouve le moyen de le résoudre.
Quelles difficultés majeures rencontres-tu aujourd’hui dans ton métier et comment parviens-tu à les surmonter ?
Kenneth DKH: Il y aura toujours des difficultés les unes après les autres et la première chose est toujours de regarder d’abord autour de soi avant de chercher loin car la plupart des solutions sont autour de nous. Pour ma part ca va être de trouver un magasin avec lequel collaborer, trouver des points de vente, du matériel de travail et même les bonnes personnes avec lesquelles travailler. Je commence toujours par essayer de trouver des solutions par moi-même, puis d’en parler autour de moi et c’est ainsi que chaque personne m’apporte une aide à sa manière. Ce que je préfère le plus c’est lorsque les gens me soutiennent en achetant mes produits car c’est grâce à ça que je peux aider ma communauté en retour.
J’aimerais aussi avoir un atelier mobile avec lequel j’irais dans des écoles primaires pour apprendre aux jeunes comment créer par eux-même de petites choses à partir d’objets recyclés.
Récemment, un financement participatif (crowdfunding) a été initié pour t’aider à lever des fonds afin de développer ton activité. Comment ca s’est passé?
Kenneth DKH: Le financement participatif a été très réussi et même au-delà de nos attentes. Je voudrais dire un très sincère merci à tous ceux qui ont participé, chaque euro donné signifie beaucoup pour moi. Je tiens également à remercier Johanna Van Kipshagen, la présidente d’Afrik’Arte, les élèves de l’école sup’Ecolidair salle B, Adèle, Sophie, Laurine, Johan, mes nouveaux partenaires Chouche avec qui je travaille déjà, Eve, Mariotte et tous mes amis et ma famille.
Quels sont tes projets à venir?
Kenneth DKH: J’ai vraiment un plus grand rêve qui est de voir chacun faire de son talent un métier. J’aimerais construire une académie d’arts où je pourrais réunir pleins d’artistes, surtout les jeunes sortis de l’école. L’idée serait alors d’organiser des expositions et des festivals artistiques pour vendre les créations de l’académie d’art afin de générer un revenu aux artistes. J’aimerais aussi avoir un atelier mobile avec lequel j’irais dans des écoles primaires pour apprendre aux jeunes comment créer par eux-mêmes de petites choses à partir d’objets recyclés. Enfin, lancer une formation communautaire pour les femmes et les jeunes filles.
Retrouvez les créations de Kenneth ici
Très très touchée agréablement par une belle source d’inspiration, ça réveille des souvenirs de moi au lycée ou j’étais renvoyée tous les jours parce que je ne pouvais pas m.acheter une paire de baskets . Juste bravo et que tu ailles de l’avant.